Hollywood est devenu maître dans l’Art de déterrer les licences plus cultes du 7e Art dans l’espoir de faire vibrer la corde nostalgique des fans et ainsi les convaincre de retourner au cinéma. En 2024, les célèbres chasseurs de fantômes reprennent du service aux côtés de la nouvelle génération. Le film S.O.S. Fantômes : La Menace de glace jette-t-il un froid dans les salles obscures en ce mois d’avril ?
Tout savoir sur S.O.S. Fantômes : La Menace de glace
Ce n’est pas la première fois que les Ghostbusters ressortent du placard leur proton-pack. Dès 2016, le reboot “féminin” avec Chris Hemsworth dans un rôle un à contre-emploi essaye sans succès de relancer la saga. Cinq ans plus tard, ils retentent l’expérience en misant cette fois-ci sur la jeune garde hollywoodienne avec pour renfort l’équipe originelle. SOS Fantômes : L'Héritage réalisé par Jason Reitman est suffisamment rentable en salles pour qu’une suite soit mise en branle dans la foulée.
Les protecteurs ésotériques de la ville de New York sont donc de retour en 2024 avec pour chef d’orchestre le cinéaste Gil Kenan, déjà scénariste sur le film de 2021. Ghostbusters : Frozen Empire de son titre original s'adresse avant tout à la jeune génération ainsi qu'aux fans de la première heure grâce à son casting inter-générationnel. Le réalisateur américano-britannique derrière La Cité de l’ombre (2008) et Poltergeist (2015) met sa plume prompte à l'humour et son goût prononcé pour le fantastique au service d’une franchise débutée il y a 40 ans... en 1984.
Le synopsis de S.O.S. Fantômes La Menace de glace : Cinq ans après les événements du premier film, Phoebe, Trevor et Lucky, les nouveaux S.O.S. Fantômes, ont bien du mal à faire tourner leur entreprise. Mais lorsque de mystérieuses manifestations paranormales se multiplient dans la ville de New York, l'équipe est appelée à la rescousse. Cette fois-ci, ils vont affronter une menace glaciale venue d'un autre monde.
Le casting de S.O.S. Fantômes La Menace de glace : Mckenna Grace (Mary), Finn Wolfhard (Stranger Things), Logan Kim (Kung Fu Panda 4), Carrie Coon (Gone Girl), Paul Rudd (Ant-Man dans le MCU), Kumail Nanjiani (Les Éternels), Celeste O'Connor (Madame Web), Bill Murray (Lost in Translation), Dan Aykroyd (Les Blues Brothers), Ernie Hudson (The Crow), Annie Potts (Rose bonbon)
S.O.S. Fantômes : La Menace de glace sort au cinéma en France le 10 avril 2024.
L'apologie du fan service et de la nostalgie
Je ne connais que trop peu la filmographie de Gil Kenan pour avoir eu une quelconque excitation ou a priori en amont de ma séance. Cependant, je suis un pur produit des années 80 et surtout 90 (je suis né en 1986) ayant grandi avec la franchise S.O.S. Fantômes. Autant dire que je suis assez critique concernant l’exploitation à tout va des Ghostbusters. Je suis généralement bon public, mais j’ai des limites. A la différence du film de 2016 qui m’avait laissé de marbre, celui de 2021 avait su attiser la flamme de la passion sans pour autant être exempt de défauts. Trois ans plus tard, nos chasseurs ésotériques préférés sont de retour pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
Il existe un concept qui depuis une décennie hante les salles de réunion des grandes firmes hollywoodiennes, et qui devient omniprésent dans le cinéma du XXIe siècle. Les Lega-Sequels (pour Legacy Sequels) pullulent ces dernières années, et la nouvelle saga cinématographique SOS Fantômes en est le parfait représentant. “L’héritage” de 2021 porte bien son nom, et La Menace de glace de 2024 poursuit advienne que pourra dans cette voie. Je peux comprendre que le retour d’une licence majeure se fasse avec les stars de l’époque afin de capitaliser sur la nostalgie des fans, mais pour la suite d'une suite… c’est incompréhensible.
Ghostbusters : Frozen Empire mise tellement sur le passé que les nouveaux personnages peinent à trouver leur place dans cet univers qui regarde constamment dans le rétroviseur sans véritablement penser à l’avenir. Le retour à New York, jugé salutaire par certains, est symptomatique d’une série qui peine à aller de l’avant. Sans forcément faire table rase du passé au point d’en oublier leurs origines, il serait grand temps pour nos chasseurs de fantômes de s’intéresser à l’avenir. Il en découle un récit allaité sans cesse au fan service et qui prend par la force des choses des airs de caricature.
SOS Fantôme : La Menace de glace semble piégé dans deux boucles spatio-temporelles distinctes qui se téléscopent dans les rues de New York avec pour conséquences directes un trop plein de personnages. Les anciens peinent à exister à l’écran tandis que les nouveaux ne trouvent jamais leur place, exception faite de Mckenna Grace (Phoebe Spengler) et Paul Rudd (Gary Grooberson) qui jouissent d’un vrai développement narratif. Le reste du casting se gène et se marche dessus plus qu’autre chose au sein d'un cadre qui les contraint à l’inaction. A trop hésiter entre passé et futur, ce film Ghostbusters fait du surplace.
Tout n’est pas à jeter avec le slime du bain pour autant. Frozen Empire assure en général l’essentiel - divertir - et s’autorise quelques moments de bravoure qui relancent par instant mon intérêt pour ce safari new yorkais. Puis la musique fait toujours son petit effet. Dès les premières notes, un frisson nostalgique me parcourt l’échine, et il en va de même avec certains dialogues touchants de sincérité et interprétés avec justesse. Enfin, la menace de glace (inspirée entre autres du mythe de Cthulhu imaginé par Lovecraft) et son vaisseau démoniaque tardent à jeter un froid sur le récit pour ne finalement servir que de “boss de fin” à la famille Spengler et aux autres protagonistes. Reste après coup un design et un pouvoir cryokinétique flippants à souhait.
SOS Fantômes : La Menace de glace s’adresse aux nostalgiques et aux nouvelles générations sans savoir quel message transmettre. Cette aventure surnaturelle veut divertir (sans toujours y parvenir) à défaut de transcender son sujet, mais ne démérite pas. Dommage !