La 6G : une évolution plus qu'une révolution ?

La 6G fait déjà rêver avec des promesses de débits jusqu'à 100 Gbit/s, comme l'ont démontré récemment des opérateurs mobiles japonais en collaboration avec Fujitsu. Les tests effectués ont permis de maintenir ces vitesses impressionnantes sur une distance de 100 mètres, et laissent entrevoir un futur où le téléchargement d'un film en 4K ne prendrait que quelques secondes, et où des applications encore plus exigeantes en termes de données deviendraient possibles. On en arrive à un point où l'on ne trouve pas, ou pas encore, les usages concrets pour ce genre de vitesse de connexion.

Justement, Orange, tout en se préparant à cette prochaine génération, adopte une approche mesurée. Lors d'un workshop organisé par la 3GPP, Clubic nous partage que l'opérateur français possède une vision bien différente de ce que pourrait être la 6G. Selon Orange, il s'agirait davantage d'une « évolution de la 5G plutôt que d'une disruption technologique majeure ». Le groupe voit dans la 6G une continuité et un perfectionnement des capacités existantes, plutôt qu'un bond net avec la génération précédente.

Pour Orange, l'urgence n'est pas à la standardisation rapide de la 6G, mais plutôt à une réflexion approfondie sur les cas d'usages et les besoins des consommateurs à l'horizon 2030. Cette démarche implique de définir dès aujourd'hui les spécifications techniques nécessaires, basées sur ces besoins futurs, plutôt que de courir après une nouvelle étiquette avec un «6» qui brille. Orange estime que les réseaux 5G, avec leurs évolutions prévues, suffiront largement à répondre aux attentes à court et moyen termes.

La nomenclature des « G », une véritable institution qu'Orange n'apprécie pas

Une des propositions les plus audacieuses d'Orange est de mettre fin à la dénomination par « G », utilisée depuis le déploiement de la 2G en 1992. Cette terminologie, bien que familière et largement utilisée à des fins plus que marketing pourrait, selon l'opérateur, transmettre le mauvais message sur l'évolution des réseaux mobiles.

Historiquement, chaque nouvelle génération de réseau mobile a apporté des améliorations significatives, souvent perçues comme des révolutions technologiques. La 2G a introduit les SMS, la 3G a démocratisé l'Internet mobile, et la 4G a permis le streaming vidéo haute définition. Mais avec la 5G et maintenant la 6G, les évolutions sont plus progressives.

Orange précise que cette perception d'une rupture nette entre chaque génération n'est plus pertinente. En réalité, les améliorations sont continues et souvent incrémentales, ce qui rend la classification en générations quelque peu dépassée. Par exemple, la 5G, bien que prometteuse sur le papier, n'a pas encore tenu toutes ses promesses auprès du grand public, principalement en raison des infrastructures encore en développement et des usages qui ne se sont pas généralisés. Ainsi, avoir un système de chiffrage plus progressif, comme avec le Bluetooth par exemple (5.1, 5.2, 5.3…) permettrait déjà de mieux faire comprendre au consommateur que les technologies avancent, mais qu'elles ne vont pas tout le temps être boulverser nos vies du jour au lendemain.