Les lois du mouvement formulées par Isaac Newton ont été rédigées en latin à la fin du 17ème siècle, et comme dans n’importe quelle traduction, aussi qualitative soit elle, une erreur d’interprétation auraient été commise…
Une erreur de traduction des lois de Newton découverte 300 ans plus tard ?
Quand Newton décida d'écrire ses Principes mathématiques de la philosophie naturelle (Philosophiæ naturalis principia mathematica), il le fit en latin et non en anglais, ce qui à l’époque n’était pas si étrange que ça. Toutefois, on se rend bien compte aujourd’hui des répercussions d’une telle décision. La preuve : il se pourrait bien que nous ayons traduit de manière incorrecte ces écrits pendant près de 300 ans.
Il s’agirait d’une petite erreur de traduction mais loin d'être anodine puisqu’elle survient à un point crucial du texte. Cette erreur aurait été repérée par le philosophe Daniel Hoek et elle concerne la première des trois lois de Newton.
Le texte original d’Isaac Newton en latin énonce la première loi du mouvement, à savoir le principe d’inertie, de la manière suivante :
Corpus omne perseverare in statu suo quiescendi vel movendi uniformiter in directum, nisi quatenus illud a viribus impressis cogitur statum suum mutare.
Cette première loi peut être traduite de différentes manières mais depuis 300 ans nous avons retenu la traduction suivante :
Tout corps persévère dans l'état de repos ou de mouvement rectiligne uniforme tant qu'aucune force n'agit sur lui.
La problématique soulevée par Daniel Hoek c’est que dans notre univers, il n’existe aucun corps qui ne soit pas soumis à une force et Newton le savait parfaitement à l’époque.
Hoek explique alors qu'il existe une traduction alternative de la phrase qui tient compte de ce détail. Ce dernier soutient dans son travail que le terme "nisi quatenus", qui en anglais aurait été traduit par "unless", aurait dû être traduit par "insofar". En mettant en avant ce changement, la version en français pourrait se traduire par :
Tout corps persévère dans l’état de repos ou de mouvement rectiligne uniforme dans la mesure où aucune force n’agit sur lui.
Cela mettrait en évidence l'idée que nous ne parlons pas de corps étrangers à toute interaction préalable, mais de corps stables jusqu'à ce qu'une force supplémentaire leur soit appliquée. Pour Hoek, retrouver l'idée originale de Newton permettrait à "l'un des principes fondamentaux de la physique de retrouver son éclat."
Une erreur de traduction à priori sans incidence pour le monde de la physique
Les principes de Newton ont été publiés en 1687, mais la traduction en anglais n'est arrivée qu'en 1729. Nous aurions donc interprété cette première loi de manière incorrecte depuis près de 300 ans si toutefois Daniel Hoek avait raison.
Si Hoek a raison, la question qui se pose est de savoir si cette réinterprétation changera quelque chose. Il est très probable que non. Que Newton ait eu une interprétation plus littérale ou métaphorique de ses mots n'a que peu d'importance pour la manière dont les lois naturelles sont interprétées depuis la physique, l'ingénierie et d'autres disciplines. Il n'existe pas dans notre univers de particule hypothétique étrangère à toutes les autres, donc il importe peu que Newton y ait pensé ou non.
"Certaines personnes considèrent ma lecture trop audacieuse et non conventionnelle pour être prise au sérieux", notait Hoek en anticipant les critiques. "D'autres pensent que c'est tellement évident que cela ne vaut guère la peine d'être discuté."
Débat futile ou dette envers l'histoire, tout ce que nous pouvons affirmer, c'est que 296 ans après sa mort, Isaac Newton continue d'être un sujet de débat.