Nommé au titre de jeu de l'année, ce survival-horror est l'un de mes coups coeur de l'année, une surprise que je n'avais pas vue venir à tel point qu'il pourrait être mon GOTY. Si j'ai adoré l'expérience, un point bien précis a gâché une partie de mon plaisir et je ne comprends toujours pas ce qui a motivé les développeurs à faire ça.
Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV.
Quelle claque que ce Alan Wake II. Treize ans après la sortie du jeu original, Remedy revient avec la suite directe d'Alan Wake qui m'avait un peu rebuté à l'époque par son gameplay rigide, mais conquis par son ambiance et son histoire. Mais là... Le studio finlandais réussit à délivrer une oeuvre à la fois sur l'inspiration et le rapport d'un artiste avec ses créations, tout en proposant une jouabilité bien plus solide qui n'est pas sans rappeler Resident Evil 2 (2019).
Quand on assemble tout ça, il n'est pas étonnant de voir qu'Alan Wake II est nommé au titre de jeu de l'année 2023 pour la cérémonie des Game Awards et il n'a clairement pas volé sa place. Alors que la critique, les joueurs et moi-même sommes tous conquis par ce Alan Wake II, je ne peux m'empêcher de voir une ombre au tableau qui fait vraiment tâche et que je n'arrive toujours pas à m'expliquer.
Les jumpscares, moyen efficace ou paresse d'écriture ?
Dans nos colonnes, Alan Wake II a reçu la note de 17/20, ce qui correspond à la mention "Excellent" dans notre barème. Si on a salué les qualités du titre comme sa direction artistique, sa technique, son action et surtout son aventure trans-média unique, il y a un point négatif qui ressort tout de même particulièrement : le titre a "la main trop lourde sur les jump scares". Et après avoir terminé le jeu de mon côté, je ne peux qu'être d'accord avec mon cher collègue sur cet élément qui gâche vraiment l'expérience de jeu par moment et qui fait tache dans une expérience aussi réussie.
Pour que tout le monde soit à la même page, un jumpscare est un élément qui surgit soudainement à l'écran dans une oeuvre de fiction alors qu'on ne s'y attend pas. Souvent accompagné d'un bruit tout aussi brutal, il s'agit la plupart du temps d'une image terrifiante dont le but est de faire sursauter le spectateur par son côté surprenant et inattendu. S'il s'agit d'un moyen efficace pour faire peur, depuis plusieurs années, cette technique a été beaucoup trop utilisée dans les films d'horreur à tel point qu'elle est devenue plus énervante qu'effrayante. Et malheureusement, Remedy est un peu tombé dans ce piège.
Des jumpscares plus énervants qu'effrayants
Dans Alan Wake II, on alterne donc entre l'agent du FBI Saga Anderson et Alan Wake que l'on incarne à tour de rôle. Chaque personnage profite de mécaniques qui lui sont propres et évoluent dans des ambiances radicalement différentes, quoique toutes les deux horrifiques. Mais en réalité, ce problème de surutilisation des jumpscares se retrouve particulièrement du côté de Saga. Si cela se ressent à différents moments, cette sensation de ras-le-bol m'a surtout frappé dans le "niveau" de la maison de retraite et de l'hôpital, dirons-nous pour ne pas trop en dévoiler.
Durant cette séquence, on est assailli de jumpscares d'une vieille dame qui sera le boss de fin de ce passage. Pour être plus précis, il s'agit d'un extrait vidéo en prise de vues réelles montrant l'actrice qui prête ses traits à ce personnage en train de crier face à l'écran, comme vous pouvez le voir plus bas. Là où cet élément devient particulièrement irritant, c'est qu'il est utilisé à outrance dans cette séquence. Par moment, c'est limite si à chaque passage de porte, on n'a pas droit à une petite apparition soudaine. Et puisque les jumpscares sont imprévisibles par nature, on sursaute à chaque fois qu'ils apparaissent, mais uniquement par réflexe purement humain que par peur. À la fin, on est plus énervé qu'effrayé parce qu'on s'est encore fait avoir par une technique vieille comme le monde. Cette surabondance de jumpscares est d'autant plus étonnante qu'ils n'apportent rien à l'ambiance du titre et puis que surtout, dans le fond, Alan Wake II n'est pas un jeu qui fait foncièrement peur.
Qu'on soit bien d'accord, le titre de Remedy arrive parfaitement à installer une ambiance horrifique unique dans lequel on ne sent jamais vraiment en sûreté et c'est ce qui en fait tout le charme. Mais pour autant, il n'y a pas de quoi être terrifié comme dans un Outlast, Resident Evil VII ou Dead Space par exemple qui font sursauter de façon efficace et pour de bonnes raisons. Au contraire, Alan Wake II se rapproche plus de Silent Hill 2 en proposant une ambiance lourde, pesante et malsaine qui fait qu'on ne se sent jamais à l'aise. Dans ce contexte, ces screamers font vraiment tâche car ils n'apportent rien d'intéressant à l'expérience et à l'atmosphère qu'elle essaie d'instaurer, en plus d'être horripilants par la sur-utilisation. Pour autant, que cela ne vous empêche pas de découvrir le jeu si ce n'est pas déjà fait, car même s'il ne rempote pas titre de GOTY, Alan Wake II est tout de même l'un des meilleurs jeux de 2023.